Un handicap structurel qui freine la croissance
Les infrastructures sont la colonne vertébrale d’une économie compétitive. Pourtant, en Afrique, les déficits majeurs dans les secteurs du transport, de l’énergie et des télécommunications entravent la productivité des entreprises et augmentent leurs coûts. Comment surmonter ces obstacles pour libérer le potentiel des entrepreneurs africains ?

1. Transport : Un réseau fragile qui plombe la compétitivité
Imaginez un agriculteur ivoirien qui doit acheminer ses produits vers Abidjan. En raison du mauvais état des routes, son transporteur met deux fois plus de temps qu’un concurrent sud-africain et lui facture un tarif prohibitif. Résultat : ses produits coûtent plus cher et sont moins compétitifs sur les marchés internationaux.
Les infrastructures de transport inadéquates se traduisent par :
- Des coûts logistiques élevés, réduisant les marges bénéficiaires des entreprises.
- Des délais de livraison rallongés, nuisant à la réactivité des fournisseurs.
- Un accès limité aux marchés internationaux, freinant la croissance des PME exportatrices.
Le classement de la Banque Africaine de Développement (BAD) révèle de fortes disparités :
Meilleurs élèves : Afrique du Sud, Égypte, Seychelles, Maroc, Tunisie – bénéficiant d’infrastructures modernes et intégrées. Retardataires : Soudan du Sud, Érythrée, Somalie, Tchad, Niger – affichant des infrastructures sous-développées et des connexions aériennes limitées.
La mise en place de partenariats public-privé (PPP) et l’optimisation des routes stratégiques permettraient une réduction immédiate des coûts de transport.
2. Énergie : Une panne de compétitivité
Dans un pays où l’électricité est instable, une usine textile tourne à 50 % de sa capacité, faute d’un approvisionnement fiable. Elle doit compenser avec des générateurs coûteux, réduisant sa rentabilité. C’est la réalité de nombreux entrepreneurs africains.
Ce que disent les chiffres :
- Afrique du Nord en tête : Maroc (100 % d’accès, fort investissement dans les renouvelables), Tunisie, Égypte.
- Les plus en difficulté : Soudan du Sud (7 % d’accès), Tchad (11 %), Burundi (11 %), République centrafricaine (15 %).
- Moyenne africaine : Seulement 54 % de la population a accès à l’électricité en 2020.
Accélérer l’investissement dans les énergies renouvelables et le stockage d’énergie pour stabiliser l’approvisionnement.
Source : Banque Africaine de Développement, « Les réformes du secteur de l’électricité en Afrique : Bilan et perspectives ».
3. Télécommunications : Un frein à l’innovation numérique
Malgré l’essor du digital, un entrepreneur congolais peine à faire des appels vidéo avec ses clients étrangers en raison d’une connexion instable et onéreuse. Pendant ce temps, son concurrent kenyan, bénéficiant d’une meilleure couverture Internet, sécurise des contrats internationaux en quelques clics.
Les défis actuels :
- Un coût de l’Internet élevé : Jusqu’à cinq fois plus cher que la moyenne mondiale.
- Des infrastructures inégalement réparties : La fracture numérique entre zones urbaines et rurales freine l’adoption des technologies modernes.
- Des restrictions réglementaires limitantes : Par exemple, l’interdiction de Starlink au Cameroun entravant la compétitivité numérique.
Encourager la libéralisation du marché des télécommunications et inciter à l’investissement dans la fibre optique et le satellite serait la voie à suivre.
Des actions immédiates pour un impact durable
L’Afrique ne pourra pas devenir un acteur économique mondial sans moderniser ses infrastructures. Trois leviers sont essentiels :
- Des investissements stratégiques dans les routes et les ports pour fluidifier les échanges.
- Une politique énergétique durable, misant sur les énergies renouvelables.
- Un accès équitable et abordable à Internet, pour accélérer la transformation numérique.
À qui la balle ?
- Gouvernements : Prioriser les infrastructures clés et nouer des PPP efficaces.
- Entrepreneurs : Adopter des solutions logistiques et énergétiques alternatives.
- Investisseurs : Financer des start-ups innovantes qui pallient ces lacunes.
Sans infrastructures solides, pas de compétitivité. L’Afrique doit agir maintenant.