Le décalage croissant entre compétences et besoins du marché
Dans un monde en constante évolution, un enjeu majeur s’impose : le décalage entre les compétences disponibles et les besoins du marché. Les avancées technologiques, la digitalisation et les nouveaux modèles économiques redéfinissent les exigences en matière de talents. À tel point que selon un rapport de Dell cité par Pagamon : «85% des emplois de 2030 n’existent pas encore aujourd’hui selon un rapport de Dell et l’Institut pour le futur. » c’est dire que le cycle d’apparition et disparition des métiers rentre dans une phase intense. D’où la nécessité d’envisager des formations en phase avec les besoins actuels et éventuellement ceux du futur. Cet article explore les causes de ce décalage, ses impacts sur la productivité et l’innovation. Et se veut une source de proposition des stratégies pour aligner les compétences sur les besoins actuels et futurs du marché. Une réflexion approfondie sur la formation et le développement des talents s’impose pour relever ce défi.

I- Les causes du décalage entre compétences et besoins du marché
Plusieurs facteurs expliquent le décalage entre les compétences disponibles et les besoins du marché. Premièrement, l’évolution rapide des technologies rend obsolètes certaines compétences traditionnelles. Par exemple, des métiers en rapport avec l’écriture sont fortement en déclin. C’est ce qui ressort notamment de cet article d’Orientation.
Deuxièmement, les systèmes éducatifs peinent à s’adapter aux nouvelles exigences du marché. On se retrouve avec des diplômés en parfaite inadéquation avec les attentes des employeurs. Dans ce contexte, une sortie du ministre camerounais de l’Emploi et de la Formation professionnelle, Issa Tchiroma Bakary ayant fait énormément de débats. Ce dernier accuse le manque de qualification comme justificatif du chômage galopant. En 2021, les autorités rwandaises ont entamé un processus qui fait jaser visant à supprimer les filières à faible taux d’employabilité. Ces derniers développements sur la question de l’emploi et de la formation dénotent d’une crise du chômage au sein des États du monde et d’Afrique en particulier. Par exemple dans la sous-région de l’UEMOA, un article révèle que : Les taux de chômage variant de 1,7 % au Bénin à 10 à 15 % dans d’autres pays de l’UEMOA, avec un taux de chômage de 9% chez les diplômés postsecondaires au Mali. Le nombre de diplômés par tranche de 100 000 habitants varie de 96 au Niger à 744 en Côte d’Ivoire, soulignant l’ampleur de la pression sur le marché de l’emploi.
Enfin, le manque de collaboration entre les secteurs public, privé et éducatif limite la mise en place de programmes de formation adaptés. Ces lacunes freinent l’innovation et la compétitivité des entreprises.
II- Les impacts sur la productivité et l’innovation
Le décalage entre compétences et besoins du marché a des conséquences directes sur la productivité et l’innovation. Les entreprises peinent à recruter des talents qualifiés. Cette difficulté ralentit leur croissance et leur capacité à innover. En ce sens qu’elles sont dans l’incapacité d’acquérir les ressources humaines nécéssaires. Par ailleurs, les travailleurs manquent d’opportunités professionnelles en raison de compétences inadéquates. Un fait qui explique le chômage et le sous-emploi. Ce cercle vicieux nuit à la compétitivité des économies. Et, freine le développement de secteurs clés comme les technologies de l’information, les énergies renouvelables et la santé. Selon l’OCDE, les pénuries de compétences et de main-d’œuvre deviennent rapidement une priorité absolue pour les gouvernements et les entreprises dans les pays de l’OCDE.
III – Stratégies pour aligner les Compétences sur les besoins du marché
Pour combler ce décalage, plusieurs stratégies peuvent être mises en œuvre. Premièrement, renforcer les partenariats entre les universités et les entreprises pour adapter les programmes de formation aux besoins réels du marché. À ce titre on peut évoquer l’initiative d’IBM. En effet, IBM établit des partenariats stratégiques avec plusieurs universités mondiales. Ces collaborations alignent les compétences étudiantes sur les exigences du marché. Il s’agit, par exemple, des programmes de formation en intelligence artificielle avec des universités. La cybersécurité et l’informatique quantique font également partie des domaines ciblés. Ces programmes répondent aux besoins actuels et futurs de l’industrie technologique.
Deuxièmement, promouvoir la formation continue et les certifications professionnelles pour permettre aux travailleurs d’acquérir des compétences actualisées. Troisièmement, investir dans les STEM (sciences, technologies, ingénierie et mathématiques) et les compétences numériques, essentielles pour les emplois de demain. Dans ce contexte, un article de Togolais info, détaille les enjeux des STEM en Afrique. Et de la manière dont celles-ci pourraient permettre de résoudre efficacement des problèmes inhérents du contient.
Enfin, encourager l’innovation pédagogique, comme l’apprentissage en ligne et les micro-certifications, pour rendre la formation plus accessible et flexible. Par exemple Le Conseil de l’Union européenne a adopté en juin 2022 une recommandation sur « une approche européenne des micro-certifications pour l’apprentissage tout au long de la vie et l’employabilité. » Cette démarche salutaire s’inscrit en droite ligne de la nécessité pour les pouvoirs publics d’encourager les certifications comme un moyen d’assurer la mise à jour des employés tout au long de leur vie.
Vers une adéquation entre compétences et besoins du marché
Le décalage entre les compétences disponibles et les besoins du marché est un défi complexe. Ce défi, n’est cependant, pas insurmontable. Il s’agira de créer un écosystème de formation et de développement des talents plus efficace. Aussi, il s’agit d’adapter des stratégies ciblées et en favorisant la collaboration entre les acteurs clés. Ainsi, il est possible de combler ce fossé. L’avenir du travail dépend de notre capacité à anticiper les besoins en compétences et à préparer les travailleurs aux défis de demain.