L’Afrocapitalisme est un nouveau modèle économique qui apparaît dans un contexte où l’Afrique est au cœur de débats passionnants sur son avenir économique. Entre croissance démographique fulgurante, défis climatiques et enjeux de développement, le continent cherche des solutions innovantes pour transformer ses richesses naturelles et humaines en prospérité partagée. C’est dans ce contexte qu’émerge un concept audacieux : l’Afrocapitalisme (ou Africapitalisme). Mais qu’est-ce que ce modèle économique, et pourrait-il incarner l’avenir de l’Afrique ? Analyse et décryptage…
Qu’est-ce que l’Afrocapitalisme ?

Popularisé par l’entrepreneur nigérian Tony Elumelu, fondateur de la Tony Elumelu Foundation (TEF), l’Afrocapitalisme se présente comme une philosophie économique visant à réconcilier le capitalisme avec les réalités africaines. Contrairement au capitalisme traditionnel, souvent critiqué pour son accent exclusif sur le profit, l’Afrocapitalisme promeut une approche inclusive où le secteur privé joue un rôle central dans le développement durable et équitable du continent.
L’Afrocapitalisme : un modèle économique à trois piliers
Le modèle économique afrocapitaliste repose sur repose sur trois piliers selon ses défenseurs:
L’entrepreneuriat local : Soutenir les PME et startups africaines, considérées comme les moteurs de l’emploi et de l’innovation. En les appuyant via des mécanismes permettant l’accès aux financements. Et en leur facilitant les mesures administratives de création ou d’implantation.

La responsabilité sociale : Le modèle afrocapitaliste se veut conscient et utile face aux réalités du continent. Ainsi,il incite les entreprises à investir dans des projets sociaux (éducation, santé, infrastructures) tout en générant des profits. À travers ces efforts sociaux,l’entreprise se développe en se responsabilisant. Elle se développe en transformant l’environnement africain.
Le long terme : L’Afrocapitalisme privilégie des investissements structurants plutôt que des gains rapides. Ces derniers sont souvent associés à l’exploitation abusives des ressources naturelles.
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L’Afrocapitalisme : un modèle pour répondre aux défis uniques du continent africain

En tant que modèle de développement économique,l’Afrocapitalismme entend répondre aux besoins de l’Afrique en tant que continent et force économique qui fait face à des défis uniques :
Dépendance aux matières premières : Malgré son sous-sol riche, le continent reste vulnérable aux fluctuations des prix mondiaux. À titre indicatif ,le Ghana est fortement dépendant des exportations de matières premières, ce qui le rend vulnérable aux fluctuations des prix mondiaux. Concrètement, la dépendance aux matières premières brutes rend le Ghana vulnérable aux fluctuations des cours mondiaux. Cette situation rend instable la planification du développement et la gestion macroéconomique. Par exemple, la baisse des prix du cacao a un impact négatif sur l’économie du Ghana. Or, ce pays est fortement dépendant de cette culture pour ses exportations.
Chômage des jeunes : 60 % de la population africaine a moins de 25 ans, mais les systèmes éducatifs et économiques peinent à intégrer cette jeunesse. En effet, près de 60 % de la population africaine, soit environ 864,9 millions de personnes, ont moins de 25 ans, faisant de l’Afrique le continent le plus jeune au monde. Cette croissance démographique est due à une fécondité élevée combinée à une diminution de la mortalité infantile (City Alliance, 2020).
Inégalités persistantes : Une croissance économique soutenue dans certains pays (comme le Rwanda ou la Côte d’Ivoire) n’a pas suffi à réduire la pauvreté de masse.Par exemple, au Rwanda, la croissance a principalement bénéficié aux secteurs du tourisme et des services, laissant une grande partie de la population rurale dans la pauvreté, faute d’accès à l’éducation ou aux services de santé. De même, en Côte d’Ivoire, la croissance a été portée par l’exploitation des ressources naturelles et la construction d’infrastructures. Cependant, elle n’a pas permis une amélioration significative pour les populations rurales ou les plus pauvres. Et pour cause, on constate une distribution inégale des richesses et d’un manque d’investissements dans les secteurs essentiels à la réduction de la pauvreté. Ainsi, sans politiques sociales et redistribution efficaces, la croissance économique seule ne suffit pas à éradiquer la pauvreté de masse.

Afrocapitalisme un nouveau modèle économique pour l’Afrique ou une voie parmi tant d’autres ?
L’africapitalisme constitue une offre de solution parmi d’autres. Ce n’est pas une solution miracle. Il constitue un cadre convaincant pour réinventer le développement de l’Afrique. Son succès dépend de :
Engagement du gouvernement : Sans réformes politiques (fiscalité équitable, mesures anti-corruption), même les meilleures initiatives privées auront du mal.
Éducation et formation : Le renforcement des compétences techniques et managériales est essentiel pour favoriser l’entrepreneuriat.
Collaboration panafricaine : Le commerce intra-africain ne représente que 15 % du commerce total du continent. Une intégration régionale plus profonde est essentielle.