En Afrique, le paiement mobile a transformé les transactions domestiques dans plusieurs régions. Cependant, cette solution reste rarement interopérable entre l’Afrique de l’Ouest, l’Afrique centrale, l’Afrique du Nord et l’Afrique subsaharienne. Ce cloisonnement freine le commerce transfrontalier, augmente les coûts de change et limite l’inclusion financière régionale. Les entreprises peinent à payer fournisseurs ou prestataires dans d’autres zones sans recourir à des circuits onéreux ou peu sécurisés. Cet article détaille les conséquences économiques de ce manque d’interopérabilité et met en lumière quelques startups qui tentent de bâtir des ponts entre ces écosystèmes mobiles.
Conséquences économiques de l’absence d’interopérabilité
Hausse des coûts de transaction
Sans interopérabilité, les transferts d’argent entre pays s’appuient sur les banques classiques ou les services de transfert d’argent internationaux. Ces canaux facturent souvent 5 à 10 % de frais par transaction, contre 1 % via un réseau mobile interne. Résultat : les PME exportatrices peinent à réinvestir leurs marges et les ménages payent plus cher les biens importés.
Frein au commerce intra-africain
Selon la Banque africaine de développement, seules 15 % des exportations du continent se font entre pays africains.l’absence d’interopérabilité des solutions de paiement mobile entre les régions de l’Afrique contribue à ce faible taux. Les commerçants préfèrent s’en tenir aux circuits traditionnels, plus longs mais plus fiables, freinant l’intégration économique.
Impact sur l’inclusion financière et l’innovation
Exclusion des populations rurales
Les populations rurales, souvent hors du réseau bancaire, utilisent de plus en plus le paiement mobile local. Mais, pour envoyer de l’argent à un proche dans une région différente, elles retombent sur des mécanismes informels ou payants. Cette fracture limite l’accès aux remittances intra-continentales, essentielles pour la résilience économique des foyers.
Frein à la fintech panafricaine
Face à l’absence d’interopérabilité des solutions de paiement mobile entre les régions de l’Afrique, les startups fintech peinent à proposer des solutions transrégionales faute de passerelles techniques entre opérateurs mobiles. Le développement d’applications de super-wallet reste complexe et coûteux, ralentissant l’innovation et la concurrence sur le marché continentale.
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Startups et initiatives pour améliorer l’interopérabilité
MFS Africa
MFS Africa a créé un réseau de paiement interopérable reliant plus de 35 réseaux mobile money et institutions financières en Afrique. Les entreprises peuvent désormais payer et recevoir des fonds dans 19 pays via une API unique. Malgré des frais réduits, le service doit encore étendre sa couverture en Afrique du Nord pour devenir vraiment pan-africain.
Chipper Cash
Chipper Cash, fondée au Ghana, propose un portefeuille mobile gratuit pour des transferts P2P entre plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest et de l’Est. L’entreprise teste en 2024 des conversions monétaires en temps réel entre franc CFA et shilling kényan. Néanmoins, son modèle dépend des partenariats bancaires locaux, parfois complexes à nouer en Afrique du Nord.
Perspectives et recommandations pour 2025
Standardisation et régulation régionale
Les organisations régionales (UEMOA, CEN-SAD) doivent promouvoir un cadre réglementaire commun pour l’interopérabilité. L’adoption de normes techniques partagées (ISO 20022) et de connecteurs sécurisés simplifiera l’intégration des systèmes mobiles money.
Collaboration public-privé
Les gouvernements, les opérateurs télécoms et les fintechs doivent co-investir dans l’infrastructure de switching interrégional. Des partenariats publics-privé permettront de mutualiser les coûts de développement et d’accélérer la mise en œuvre des ponts numériques.
Paiement mobile Afrique : en résumé
L’absence d’interopérabilité des solutions de paiement mobile entre l’Afrique de l’Ouest, centrale, du Nord et subsaharienne freine le développement du commerce intra-africain. Elle renchérit les transactions et limite l’inclusion financière. Des acteurs comme MFS Africa et Chipper Cash montrent la voie, mais leur impact reste partiel faute de cadre unifié. Pour 2025, la standardisation technique et la coopération public-privé sont indispensables pour bâtir une infrastructure de paiement mobile réellement pan-africaine. Les entreprises et les ménages bénéficieront alors d’échanges plus rapides, moins coûteux et plus sûrs.