Lorsque la fintech nigériane Okra, pionnière de l’open banking en Afrique, annonce sa fermeture après avoir levé 16,5 M$, le diagnostic habituel pointe vers un mauvais product-market fit ou un burn rate excessif. Pourtant, l’écosystème startup africain révèle une autre réalité : chaque jeune pousse doit en fait bâtir non pas une, mais plusieurs entreprises à la fois pour combler les lacunes du continent. Dans cet article, nous décortiquons le cas Okra et mettons en lumière cinq leçons essentielles pour alléger le fardeau de l’écosystème startup africain et maximiser vos chances de succès.
1. Okra : un profil immaculé, un destin inattendu
Fara Ashiru et son équipe quittaient des mastodontes comme JPMorgan et Canva pour créer Okra, première API d’open banking dans la région dès 2019. Leur traction était spectaculaire : +175 % de croissance API, partenariats avec Branch, Bamboo et Renmoney, 16,5 M$ levés auprès de TLcom et Susa Ventures. Pourtant, en 2024, Okra a retourné 4 à 5,5 M$ non dépensés à ses investisseurs. Ce parcours exemplaire montre que même un profil idéal ne protège pas des contraintes du tissu local : bienvenue dans l’écosystème startup africain.
2. Les “taxes” cachées de l’écosystème
Okra n’a pas seulement développé une solution technologique. En effet, elle a dû porter sept activités parallèles essentielles : éducation bancaire, conseil réglementaire, bootcamps développeurs, création d’une fondation de confiance, définition de standards, et mise en place d’une infrastructure propre. Ces six “taxes” représentent le coût réel auquel font face les startups africaines; Ensemble, ces charges structurantes ont consommé le capital de l’entreprise de manière exponentielle.
3. Le burn rate revisité
Les investisseurs tablaient sur des dépenses classiques : salaires dev, serveurs, marketing et quelques opérations. En réalité, Okra a investi massivement dans l’écosystème startup africain : lobbying réglementaire, formation sectorielle, développement d’une infrastructure minimale. Au lieu d’un burn rate “startup”, on parle d’un burn rate “nation-building”, incompatible avec un ticket moyen de série A. La troisième leçon est donc de quantifier précisément ces coûts extras et de les budgétiser dès le pitch.
4. Comment alléger le fardeau ?
Pour limiter l’impact de l’écosystème startup africain, les fondateurs doivent mutualiser certaines fonctions :
1. Regrouper l’éducation et la formation dans des consortiums inter-startups
2. Partager les infrastructures open-source ou communautaires
3. Créer des standards sectoriels coordonnés par des associations
4. Impliquer plus tôt les régulateurs dans des laboratoires d’expérimentation
5. Nouer des partenariats public-privé pour répartir la charge réglementaire
Ces approches réduisent la taxe start-up et recentrent vos ressources sur la valeur produit.
5. Vers un écosystème plus durable
Le cas Okra n’est pas une exception, mais un révélateur : chaque startup africaine paie un “écosystème tax” élevé. Pour bâtir un véritable marché de l’innovation, il faut passer de l’idée du “hero founder” à une logique coopérative. Partager les coûts de mise en place, créer des hubs multi-services et capitaliser sur chaque succès. C’est ainsi que l’écosystème startup africain deviendra résilient et capable de transformer ses pionniers en licornes durables.
L’histoire d’Okra nous enseigne que la réussite ne se mesure pas qu’en chiffre de traction. Elle se mesure en capacité à naviguer et à réduire les coûts invisibles de l’écosystème startup africain. En mutualisant l’éducation, l’infrastructure, la réglementation et la confiance, vous pourrez concentrer votre capital sur l’innovation pure. Ces leçons, permettent de repenser les modèles et transformez les “taxes” de l’écosystème en opportunités de collaboration.