L’initiative Solarise Africa en zones rurales vise à installer des kits solaires dans des villages ruraux pour favoriser l’accès à l’électricité. Elle est soutenue par un investissement de 4,14 millions d’euros de Proparco et de l’Union européenne, se positionne comme un acteur clé de la transition énergétique en Afrique. Ciblant principalement les PME et les projets de 100 kW à 1 MW, cette initiative combine leasing solaire et solutions d’efficacité énergétique. Si l’objectif affiché – réduire de 680 000 tonnes de CO₂ d’ici 2025 – est ambitieux, le modèle soulève des interrogations sur son adaptation aux réalités rurales et sa pérennité technique et financière.
L’initiative Solarise Africa : Contexte et enjeux
L’initiative Solarise Africa répond à un déficit criant d’accès à l’électricité, qui touche près de 600 millions d’Africains. Le choix du solaire s’appuie sur l’abondance d’ensoleillement, mais ignore parfois les variations saisonnières critiques pour le dimensionnement des installations. Le projet répond à un double défi : l’accès limité à l’électricité en Afrique subsaharienne et la dépendance aux énergies fossiles. Solarise Africa mise sur des partenariats avec des fournisseurs de solutions clés en main (EPC) pour déployer des centrales solaires destinées à l’autoconsommation des PME. Toutefois, ce segment, bien que stratégique, néglige souvent les micro-entreprises rurales et les ménages, pourtant majoritaires dans les zones non connectées. Par ailleurs, le modèle de leasing, bien qu’innovant, dépend fortement de la solvabilité des clients – un pari risqué dans des économies informelles où 60 % des PME peinent à accéder au crédit bancaire traditionnel.
Technologie et déploiement de l’initiative Solarise Africa
Les solutions proposées incluent des panneaux photovoltaïques monocristallins et des systèmes de stockage, avec un accent sur la maintenance via des partenariats locaux. Si cette approche garantit un rendement énergétique optimal, elle bute sur deux écueils majeurs. D’abord, le coût initial élevé (entre 100 000 et 1 million de dollars par projet) limite l’inclusion des petites structures. Ensuite, l’absence de filière de recyclage des batteries en Afrique risque d’aggraver les problèmes environnementaux, contredisant partiellement les objectifs de durabilité. L’accompagnement technique financé par l’UE (140 000 €) devra prioriser la formation de techniciens locaux pour éviter un effondrement du modèle à moyen terme.
Impacts sociaux et économiques de l’initiative Solarise Africa
Solarise Africa annonce la création ou le maintien de 2 500 emplois dans les PME clientes, notamment au Kenya, en Afrique du Sud et au Rwanda. Concrètement, l’accès à une électricité stable permet aux entreprises de réduire leurs coûts énergétiques de 30 à 40 % et d’augmenter leur productivité. Cependant, l’impact reste inégal : les micro-entreprises agricoles, souvent situées dans des zones reculées, bénéficient rarement de ces infrastructures. De plus, le modèle de tarification « pay-as-you-go », bien que flexible, exclut les PME aux flux de trésorerie irréguliers, renforçant ainsi les disparités économiques existantes.
Défis et perspectives critiques de l’initiative Solarise Africa
La viabilité du projet repose sur trois conditions non encore remplies. Premièrement, l’intégration d’un mécanisme de subventions croisées pour inclure les PME à faible rentabilité. Deuxièmement, la collaboration avec les gouvernements pour standardiser les normes techniques et faciliter le recyclage des équipements. Enfin, l’adaptation technologique face à l’obsolescence rapide des composants : les panneaux solaires actuels pourraient être dépassés par des solutions hybrides (solaire + hydrogène) d’ici cinq ans. Sans ces ajustements, Solarise Africa risque de reproduire les erreurs des projets énergétiques centralisés, peu adaptés aux réalités décentralisées de l’Afrique rurale.
L’initiative Solarise Africa en zones rurales : en quelques lignes
Si Solarise Africa incarne une avancée notable pour l’électrification des PME africaines, son modèle doit évoluer vers une approche plus inclusive et circulaire. Une priorité : associer les communautés locales dès la phase de conception des projets, plutôt que de se reposer uniquement sur des partenaires techniques externes. Par ailleurs, un rééquilibrage des investissements vers des technologies low-tech et facilement réparables serait essentiel pour garantir l’accès universel à l’énergie – objectif central des ODD que le projet prétend servir.